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Serbie : une semaine de pogroms anti-Rroms à Jabuka

Traduit par Jovana Papović
Publié dans la presse : 15 juin 2010
Mise en ligne : vendredi 18 juin 2010
 
 
Le 10 juin, un adolescent rrom poignardait un de ses camarades d’école serbe dans la bourgade de Jabuka, près de Pančevo, en Voïvodine. Durant quatre jours, des centaines de personnes ont attaqué les quartiers rroms. La police a arrêté et placé en détention cinq jeunes manifestants accusés d’incitation à la haine raciale, religieuse et ethnique. La violence couvait depuis longtemps dans ce village, et l’État est critiqué par les ONG pour la lenteur de sa réaction.
 

Quatre soirs de suite, « sous le coup de l’émotion provoqué par le meurtre du jeune homme », un groupe d’environ 500 personnes jeté des pierres sur des maisons rroms en vociférant des appels au lynchage.

Des fenêtres brisées, des toits endommagés, une atmosphère de peur et de méfiance, c’est l’image que renvoie aujourd’hui le quartier rrom de Jabuka.

Après quatre nuits sans sommeil, la police a interdit toute manifestation. Même s’ils se sentent un peu plus en sécurité, les Rroms de Jabuka ne sortent toujours pas de chez eux.

Petar Antić, du ministère des Droits de personne et des minorités, a affirmé après un échange avec le maire de Pančevo et avec les Rroms de Jabuka, que les manifestations racistes méritaient d’être punies et que tous les citoyens devaient pouvoir se sentir en sécurité. « Nous devons réagir vite et bien, afin qu’il ne soit plus jamais possible qu’une centaine d’habitants sur les 7000 que compte Jabuka puisse créer une atmosphère de haine envers les Rroms », a-t-il déclaré.

Petar Antić affirme que les Rroms avec lesquels il a discuté lui ont confirmé que les rapports entre les communautés étaient paisibles avant la mort de Dejan S., dans cette localité ou vivent des Macédoniens, des Rroms et des Serbes.

La mère d’un des jeunes mis en détention, Gordana Stefanovski, affirme que son fils n’a participé qu’à une seule manifestation et qu’il a tout de suite été arrêté.

« Il y avait plus de 1000 manifestants, mon fils et les cinq autres mineurs arrêtés ne sont pas les leaders. J’exige que le vrai meneur soit arrêté, celui qui a demandé aux jeunes de les rejoindre. Moi, j’ai essayé de retenir mon fils », explique-t-elle.

Les dirigeants de la commune de Pančevo ont appelés à l’arrêt immédiat de la propagation des messages de haine.

Les habitants de Jabuka avec lesquels B92 a discuté espèrent que la paix va vite se réinstaller dans ce village du Banat.

La police a expliqué que les protestations ne s’étaient pas organisées de façon classique, mais qu’il s’agit plutôt de réactions spontanées. Des amis du garçon assassiné auraient souhaité protester contre le meurtre, et la situation serait devenue incontrôlable.

« C’est pour cette raison que la police n’a pas réagi dès le début mais, lorsque la situation a dégénéré, il a fallu demander l’aide de la gendarmerie. », explique le chef de la police de Pančevo, Zvezdan Radojković.

Tout en appelant au calme, il a ajouté que des incidents racistes du même type s’étaient déjà produits dans la localité. « C’était des cas épars, certain ont été signalés, quelques-uns traités. C’est la conséquence d’une constellation d’évènements divers, qui couvaient depuis longtemps, et qui ont malheureusement débouché sur le meurtre ».

Le jeune Rrom B.J. soupçonné du meurtre de Dejan S. a été arrêté mais ne répondrait pas aux questions des enquêteurs.

« Empêcher au plus vite les attaques racistes »

La maire de Pančevo, Vesna Martinović, et le président du conseil municipal, Tigran Kiš, ont appelés à l’arrêt immédiat de la haine raciale dans le village de Jabuka. La mairie a délivré un communiqué affirmant : « nous estimons que personne n’est en droit de prendre le pouvoir. Ni le meurtrier ni la famille et les proches de la victime. »

Le secrétaire d’État du ministère des Droits de la personne et des minorités, Marko Karadžić a déclaré, dans une intervention sur la chaine B92, que les attaques racistes contre des citoyens serbes de nationalité rrom dans le village de Jabuka près de Pančevo représentaient « le plus terrible exemple de la perte des valeurs dans notre société ».

« Il est important d’interdire tout de suite les regroupements anti-rroms et de sanctionner fortement les agresseurs. Cinq jeunes arrêtés, c’est trop peu, il y en avait beaucoup plus, tous doivent assumer les conséquences de leurs actes. Personne n’a le droit d’accuser la communauté rrom des terribles évènements et personne d’a le droit de faire sa propre justice », a souligné Marko Karadžić.

Le Centre pour le développement de la société civile de Zrenjanin a critiqué l’État pour sa réaction tardive aux débordements anti-rroms.

Le bureau du Procureur demande une enquête à Jabuka

La procureure de Pančevo a demandé l’ouverture d’une enquête sur les cinq habitants de Jabuka arrêtés pour avoir participé aux attaques contre les Rroms. Ils sont soupçonnés d’incitation à la haine nationale, raciale et religieuse.

« Predrag Spasić, Marko Stefanovski, Dejan Lešnikovski, Vladimir Stanišić i Srđan Bubalo sont accusés d’avoir provoqué des débordements racistes contre les Rroms, en compagnie d’un grand nombre de personnes dont l’identité reste à découvrir », rapporte la procureure Gordana Čolić. Elle précise qu’en compagnie d’une centaine d’autres participants, ces jeunes ont vociféré des injures et des menaces à l’encontre des Rroms et on jeté des pierres sur leurs maisons.

De sérieux débordements se sont produits dans tout le village, raison pour laquelle des dizaines de policiers ont dû apporter leur protection aux Rroms. Plusieurs familles rroms, terrorisées, ont dû quitter leurs maisons.

L’accusation a demandé 30 jours de détention pour les accusés afin de les empêcher d’influencer les témoins et de renouveler leurs attaques. « Personne ne peut influencer l’avancée de l’enquête et nous empêcher de faire notre travail et nous conseillons vivement à tout le monde de se garder de faire sa propre justice car ceux qui seraient identifiés en train de commettre des délits seront traduits en justice », a annoncé Gordana Čolić.

Elle a répondu de cette manière à la demande des habitants du village, qui se sont réunis et ont réclamé la libération des jeunes gens arrêtés.

Depuis l’arrivée des renforts de la gendarmerie le 14 juin, le calme est revenu à Jabuka. La mairie continue de fournir des vivres aux Rroms qui évitent de sortir de chez eux.

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