Países Bajos se opone a concesiones a Serbia

BIRN, balkans.courriers.info
L’Union européenne offre un accord au rabais à la Serbie
Traduit par Jacqueline Dérens
Publié dans la presse : 28 janvier 2008
Mise en ligne : mardi 29 janvier 2008

Les dirigeants européens voulaient envoyer un geste fort en direction de la Serbie avant les élections présidentielles de dimanche, mais les Pays-Bas s’opposent à la signature de l’ASA tant que la Serbie n’aura pas rempli toutes ses obligations envers le TPI. Une solution de compromis a été trouvée lundi : l’Europe va proposer un « accord politique » à la Serbie. Signature prévue le 7 février.

 

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Feu vert de l’Europe à la Serbie
malgré la Haye ?
(© Franco Juri/Dnevnik)

 

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont adopté le texte d’un accord politique qu’ils vont proposer à la Serbie le 7 février prochain, à la place de l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) initialement prévu.

La décision a été prise lundi 28 janvier après de vives discussions entre les ministres des Affaires étrangères des États membres sur la question d’une offre à la Serbie qui serait la clé pour aller vers la signature de l’ASA, initialement prévue.

Le gouvernement hollandais a refusé de donner son accord à la signature de l’ASA tant que les autorités de Belgrade n’auront pas arrêté Ratko Mladić, l’ancien général serbe de Bosnie, recherché par le Tribunal de La Haye pour crime de guerre et génocide et qui se cacherait en Serbie. Le gouvernement serbe dément avoir connaissance des déplacements de Mladić qui, selon les procureurs de La Haye, se trouverait en Serbie.

Des observateurs estiment que l’offre de ce nouveau type d’accord politique, encore inédit dans les Balkans occidentaux, est une manière d’encourager les forces proeuropéennes en Serbie tandis que la signature de l’ASA est retardée.

« Le fait que nous ayons pu nous mettre d’accord sur un tel texte montre notre sérieux », a commenté Dimitrij Rupel, le ministre slovène des Affaires étrangères, dont le pays assure la présidence de l’UE. « Nous n’avons oublié aucune des conditions de l’intégration », a-t-il ajouté faisant référence à la question de la coopération avec le tribunal de La Haye . « Nous avons pensé qu’il était très important de donner à la Serbie des signaux positifs en ce moment. »

Après avoir rencontré Dimitrij Rupel et d’autres ministres des Affaires étrangères de l’UE, Vuk Jeremić, le ministre des Affaires étrangères de Serbie, a déclaré que « le peuple de Serbie allait avoir l’opportunité de décider s’il voulait franchir le seuil de la porte qui est ouverte aujourd’hui par l’UE ». Il a ajouté qu’il était convaincu que le peuple de Serbie franchirait le seuil de cette porte...

La plupart des ministres et des responsables de l’UE étaient favorables à la signature de l’ASA, mais les Pays-Bas ont maintenu jusqu’au bout leur opposition.

Avant la rencontre, le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, avait dit qu’il espérait que la Serbie recevrait « une réponse constructive » à l‘issue de cette rencontre ministérielle.

« Nous devons montrer notre engagement pour que la Serbie se rapproche le plus vite possible de l’UE. Comment formuler cet engagement était l’objet de notre débat, mais c’est le message principal que nous voulons envoyer à la Serbie, au moment même où celle-ci est face à un choix politique essentiel », a-t-il dit.

Javier Solana faisait référence au second tour des élections présidentielles, où le Président sortant pro-européen Boris Tadić doit affronter l’ultranationaliste Tomislav Nikolic, qui est arrivé en tête lors du premier tour, le 20 janvier dernier.

Certains observateurs estiment que l’UE essaie de faciliter la réélection de Boris Tadić, en donnant son feu vert à des liens plus étroits avec Belgrade, même si le nouvel accord politique reste bien loin du contenu de l’ASA.

Avant la rencontre, le Commissaire à l’élargissement Olli Rehn s’était également exprimé en faveur d’un accord avec la Serbie. « Le peuple de Serbie va choisir entre un avenir européen ou un passé nationaliste. Nous devrions envoyer un message fort en décidant de signer l’ASA ». Il a cependant suggéré que cette signature pourrait ne pas avoir lieu avant le second tour des élections en Serbie.

Le veto hollandais à la signature était attendu, aussi les responsables de l’UE avaient préparé une autre option à la signature, ne comprenant que les parties de l’accord relatives aux relations commerciales. Toutefois, les Hollandais ont aussi exprimé leur opposition à cette solution de compromis.

Il apparaît également que les ministres de l’UE retarderont le déploiement de la mission européenne d’experts de police et de justice au Kosovo dont le principe a pourtant été approuvé lors sommet de l’UE de décembre dernier.

La raison de ce délai, pour les observateurs, est d’éviter de donner l’impression que l’UE entérine à l’avance la déclaration annoncée d’indépendance du Kosovo, qui pourrait intervenir très vite après les élections présidentielles en Serbie.