Stjepan Mesić: ´hace falta una nueva Cumbre de los Balcanes occidentales´

Glas Slavonije, balkans.courriers.info
Intégration européenne, relations régionales : « il faut un nouveau Sommet des Balkans occidentaux »
Traduit par Thibault Joubert
Publié dans la presse : 9 novembre 2008
Mise en ligne : dimanche 16 novembre 2008

L’Initiative du Mont Igman, un forum d’ONG bosniennes, croates, serbes et monténégrines, réuni à Zagreb, vient de lancer un constat alarmant sur l’état de la région, qui ressemble trop à celui du début des années 1990. La conférence a noté le poids du nationalisme et du crime organisé, et les difficultés qui attendent les pays de la région dans leur chemin vers l’UE, lançant un appel pour une nouvelle Conférence régionale des Balkans.

Par Miroslav Filipović

JPEG - 60.3 ko
Stjepan Mesić

La dernière conférence de l’Initiative du Mont Igman [1] s’est tenue vendredi 8 novembre à Zagreb. Elle avait pour thème : « les problèmes des Balkans sur leur chemin vers l’Union européenne ».

Le Président de la République croate, Stjepan Mesić, y a soutenu le projet d’un sommet des pays des Balkans occidentaux. Pour Živorad Kovačević, membre de l’Initiative de l’Igman et président du Mouvement européen en Serbie, ce sommet sera l’occasion « d’évaluer les progrès de nos pays vers l’Europe ». Dans cette logique, la première réunion servirait à se rencontrer, la seconde organiserait le sommet en question, et la dernière étape serait une rencontre à plusieurs niveaux entre les représentants européens et les pays de la région – la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et la Croatie.

Les instigateurs de ce sommet souhaitent qu’il se tienne au moment où la présidence tchèque prendra les rênes de l’Union européenne (UE), le 1er janvier 2009. Les autorités italiennes portent un intérêt évident à ce que ce sommet soit régional, ce que le Président Mesić a lui aussi largement approuvé. Selon lui, il faut que toutes les vérités soient dites pour que les différents États de la région puissent établir de bonnes relations, a fortiori à un moment où le climat général se dégrade et où certains aspects rappellent le début des années 1990.

« Je ne suis ni pessimiste ni alarmiste, mais je ne peux pas fermer les yeux sur ce qui se passe dans notre voisinage. Ce que je vois et ce que j’entends n’est bon ni pour la Bosnie-Herzégovine, ni pour l’ensemble de la région. Passer sous silence une situation pareille amènerait à répéter les erreurs du passé, ce que personne ne désire, ni nous, ni la communauté internationale », a affirmé le Président Mesić, faisant clairement allusion à la Republika Srpska en Bosnie-Herzégovine. Il a ajouté qu’il était préoccupé par la paralysie des relations croato-serbes car « rien n’est entrepris pour se réunir », malgré le rétablissement des axes de communication.

Le président de l’assemblée, Zoran Pusić, du Conseil citoyen pour les droits de la personne de Croatie, considère que l’inefficacité de la justice et l’extrémisme politique, qui s’est certes apaisé ces derniers temps, sont les principaux obstacles que rencontre la Croatie sur son chemin vers l’Union européenne.

JPEG - 83.8 ko
Vesna Pusić (©Globus)

Vesna Pusić, présidente du Conseil d’accompagnement à l’adhésion, a fait savoir qu’il est de notoriété publique que certains pays n’ont pas eu à négocier leur entrée dans l’UE, et que d’autres ne l’ont fait que de manière formelle. Cependant, après l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie, la Croatie a été soumise au respect de critères très stricts, et des conditions encore plus sévères seront imposées aux autres pays de la région qui attendent encore le début des négociations.

« Les conditions que nous devons remplir pourraient ne pas être suffisantes pour l’UE et elles pourraient devenir encore difficiles à atteindre pour les prochains pays ; nous en sommes responsables », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que la justice constitue le problème principal de la Croatie. « Quasiment rien n’a changé dans ce domaine, malgré les récents événements déplorables qui se sont produits à Zagreb et les changements de stratégie du gouvernement », note Vesna Pusić, faisant notamment référence à la vague de liquidations mafieuses qui a affecté la Croatie ces dernières semaines.

Les participants à la conférence, venus de Bosnie-Herzégovine, de Serbie et du Monténégro, ont fait part de constats semblables. Ils ont à l’unisson dénoncé la corruption, le crime organisé et le nationalisme - encore robuste et violent - comme étant les problèmes essentiels qui tourmentent leurs pays et freinent leur avancée commune vers l’UE.

[1] Créée en 2000, l’Initiative de l’Igman réunit 140 ONG de Bosnie-Herzégovine, de Croatie, du Monténégro et de Serbie. Elle cherche à favoriser un dialogue citoyen.