Par la rédaction

Le nouveau Haut-représentant de la communauté internationale (OHR) en Bosnie-Herzégovine, Christian Schmidt, a lancé l’alerte sur le danger imminent de sécession et la « très réelle » perspective de retour du conflit. Dans un rapport obtenu par le Guardian, Christian Schmidt prévient que si les séparatistes serbes mettent en œuvre leur plan pour recréer leur propre armée, ce qui divisera les forces armées nationales en deux, il « faudra renforcer la présence des forces internationales de maintien de la paix » afin d’empêcher le pays de retomber dans la guerre.

Milorad Dodik, l’homme fort de l’entité serbe, a promis que la Republika Srpska allait prochainement se soustraire à l’autorité centrale de Bosnie-Herzégovine pour les questions régaliennes de défense, d’administration fiscale et de justice. Il veut notamment créer sa propre force armée et a menacé le 14 octobre de recourir à la violence pour chasser les troupes bosniennes du territoire de Republika Srpska en encerclant ses casernes militaires. Et si ces soldats fédéraux résistent, Milorad Dodik assure qu’il a des « amis » qui lui ont promis leur soutien, sous-entendu la Serbie et la Russie.

« C’est l’équivalent d’une sécession sans la proclamer », écrit Christian Schmidt dans son rapport envoyé vendredi 29 octobre au secrétaire général des Nations unies, António Guterres. L’OHR estime que des affrontements sont possibles entre les agences de sécurité bosniennes et la police de RS. « Une absence de réponse à la situation actuelle pourrait mettre en danger les Accords de Dayton, tandis que l’instabilité en Bosnie-Herzégovine aurait des implications régionales plus larges. Les perspectives d’approfondissement des divisions et de conflit sont très réelles », prévient-il.

La Russie contre l’OHR au Conseil de sécurité de l’Onu

Les forces internationales de maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine se résument actuellement à 700 militaires européens de l’Eufor, l’Otan n’ayant gardé qu’un seul pied à terre avec un quartier général à Sarajevo. Le mandat annuel pour les deux forces devait être renouvelé cette semaine au Conseil de sécurité de l’Onu, mais la Russie a menacé de bloquer la résolution à moins que toute référence aux pouvoirs de Bonn de l’OHR soit retirée. Les pouvoirs de Bonn permettent en effet à l’OHR d’imposer des mesures législatives ou de démettre des élus ou des fonctionnaires s’opposant à l’application des accords de paix. Ils sont contestés notamment par Moscou.

Et la Russie semble avoir réussi. Selon Istraga.ba, lundi soir, les membres du Conseil de sécurité de l’Onu sont parvenus à un accord de principe sur le texte de la résolution. L’OHR n’y serait mentionné qu’à un seul endroit, mais contrairement aux résolutions précédentes, les « pouvoirs de Bonn » de l’OHR ont disparu. « Cela ne sape pas légalement l’OHR, mais politiquement, totalement », estime Kurt Bassuener, du Democratization Policy Council, un think tank basé à Berlin.

Gabriel Escobar, du Département d’État américain, a déclaré devant le Congrès que les États-Unis travaillaient avec l’Union européenne pour s’assurer que « toute action illégale ou de déstabilisation » serait punie. Mais on ne sait pas si l’administration Biden soutiendra le retour d’une force de maintien de la paix de l’Onu en Bosnie-Herzégovine.

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