"Kazakhstan: libération d’opposants politiques", Hélène Rousselot

Kazakhstan: libération d’opposants politiques
Par Hélène ROUSSELOT (sources: RFE/RL, Guljan.org)

Le mécontentement grandit au Kazakhstan après la tragédie de Janaozen et Chetpe des 16-18 décembre 2011 et la répression politique qui s'en est suivie. La manifestation, non autorisée, du 25 février à Almata, au cours de laquelle a été entendu un «Nazarbaev, va t'en», a rassemblé un millier de personnes et 28 d'entre elles ont été arrêtées. Dans la capitale politique et administrative Astana, une manifestation également non autorisée n'a réuni qu'une vingtaine de personnes.

Mais plusieurs hommes politiques dont deux leaders du parti OSDP «Azat» Bulat Abilov et Armirjan Kosanov, le journaliste indépendant Ermourat Bapi, le rédacteur en chef de Obchtchestvennaya positsia Bakhytgoul Makimbaï et l'activiste Bakhytjan Toregojine avaient été arrêtés avant même le début de la manifestation. B. Abilov et A. Kosanov ont été condamnés à 15 jours d’incarcération et les autres ont dû s’acquitter d'une amende de 80 000 Tengué (soit environ 412 € euros; le salaire moyen mensuel est officiellement de 119 144 Tengué). Parmi les revendications formulées par les organisateurs de cette «Journée du désaccord», figurent une enquête impartiale sur la tragédie de Janaozen, la condamnation des responsables de ce massacre ainsi que la libération d'opposants politiques arrêtés depuis le début de l'année.

B. Abilov et A. Kosanov ont été libérés ce dimanche 11 mars. Ils avaient entamé une grève de la faim pour protester contre l'arbitraire de leur arrestation, le caractère infondé de leur peine mais aussi contre l'incarcération du leader du parti non enregistré Alga Vladimir Kozlov, de l'activiste Serik Sapargali et du rédacteur en chef de la revue Vzgliad Igor Viniavskij depuis janvier. La prochaine action des contestataires se tiendra dans plusieurs villes du pays, le 24 mars, soit 100 jours après la tragédie de Janaozen.

Vient d'être également libérée la juriste Natalia Sokolova qui avait travaillé pour le syndicat ouvrier de l'une des deux entreprises dont les pétroliers avaient mené une grève au printemps 2011, afin d'obtenir une augmentation des salaires. Elle avait été condamnée à six ans de détention, en août dernier, pour incitation à la haine et au désordre ainsi que pour violation de l’ordre public et de la réglementation concernant les manifestations et les réunions publiques. Mais N. Sokolova reste interdite de toute activité au sein d'une organisation pendant trois ans.

Dépêche publiée le 11/03/2012, regard-est

Zone : Asie centrale