"La question du Haut Karabakh domine les débats d'Euronest", Anaïs Marin

Azerbaïdjan: la question du Haut Karabakh domine les débats d'Euronest
Par Anaïs Marin (Sources: euronest.europarl.europa.eu, azertag.com, trend.az, news.az, news.am, xocali.tk), regard-est

Du 1er au 4 avril Bakou a accueilli la deuxième session ordinaire d’Euronest, l’Assemblée parlementaire du Partenariat Oriental (PO). Créé en mai 2011, Euronest réunit 60 membres du Parlement européen et dix députés de chacun des pays partenaires –Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie, Moldavie et Ukraine. Théoriquement inclus dans le PO, le Bélarus demeure exclu d’Euronest du fait que le Parlement européen ne reconnaît pas comme légitimement élus les députés issus du scrutin législatif bélarusse du 28 septembre 2008. Pour le régime d’Ilham Aliyev, pourtant guère plus démocratique que celui d’Aliaksandr Loukachenka, organiser la première session d’Euronest tenue hors de l’UE est donc un honneur: cela lui a permis d’affirmer la position géopolitique montante de l’Azerbaïdjan dans la région et, surtout, de faire valoir ses positions dans le conflit territorial qui l’oppose depuis 1988 à l’Arménie.

Plus encore qu’au cours des précédentes sessions d’Euronest, la question du Haut Karabakh a en effet été omniprésente. Le président Aliyev l’a évoquée dans son discours d’ouverture, réaffirmant que le Haut Karabakh «fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan tant d’un point de vue historique que légal», invoquant des résolutions de l’ONU «qui condamnent l’Arménie pour l’occupation militaire illégale de 20% de notre territoire». Aliyev a accusé l’Arménie d’être seule «responsable d’un conflit barbare qui a fait 1 million de réfugiés et de déplacés» et qualifié de «génocide» le massacre de Khojali au cours duquel les troupes arméniennes ont assassiné plus de 600 villageois fin février 1992. Le terme a été repris par le chef de la délégation azerbaïdjanaise, qui a carrément traité l’Arménie de «fasciste».

Si les membres de la délégation arménienne n’ont pas bronché sur le moment, ils se sont rattrapés dans les débats mouvementés qui les ont opposés à leurs homologues azerbaïdjanais dans la Commission aux affaires politiques puis en session plénière. La députée d’opposition Lilit Galstyan a ainsi affirmé «qu’en temps que membre du parti Dashnak, co-fondateur de l’Internationale Socialiste, je ne peux accepter d’être traitée de fasciste par quiconque, quel que soit son rang dans ce pays, et en particulier ici où nos amis socialistes sont arrêtés pour leur vues politiques».

Les Eurodéputés se sont abstenus de prendre publiquement position. Lors de la conférence de presse finale le co-président d’Euronest Kristian Vigenin (Bulgarie, S&D), assailli de questions sur le potentiel de l’UE d’apporter une solution pacifique au conflit, a répété que la recherche d’un règlement sur le Haut Karabakh revenait au Groupe de Minsk, tandis qu’Euronest «n’a ni la vocation ni le poids politique pour permettre plus qu’un dialogue constructif entre les parties qui facilitera à terme un compromis». Faute d’accès à des médias indépendants et européens durant leur séjour à Bakou, c’est à leur retour au pays que les députés arméniens ont pu rétorquer qu’Aliyev avait «instrumentalisé Euronest pour falsifier les faits aux yeux des représentants européens», dont la députée Naira Zohrabyan a d'ailleurs condamné le «manque de courage et de discernement».

Dépêche publiée le 11/04/2012

Zone : Caucase