Serbie: un journaliste emprisonné pour avoir insulté un politicien d’extrême-droite

B92/courrierdesbalkans
Traduit par Jacqueline Dérens
Mise en ligne : mercredi 1er août 2012
László Sas, journaliste de 69 ans, vient d’être incarcéré à la prison de Subotica, tout au nord de la Serbie. Son crime : avoir « insulté » László Toroczkai, dirigeant d’un mouvement d’extrême droite interdit de 2008 à 2010. Il doit purger une peine de 150 jours pour ne pas avoir payé, faute d’argent, l’amende de 150.000 dinars à laquelle il avait été condamné...

Âgé de 69 ans, László Sas, journaliste de Voïvodine, vient d’être incarcéré à Subotica pour avoir « insulté » László Toroczkai, homme politique d’extrême-droite à la tête du Mouvement pour la jeunesse des 64 comités, une formation hongroise d’extrême droite.

László Toroczkai avait déposé plainte contre le journaliste après que celui-ci eut envoyé en 2007 une lettre à caractère soi disant insultant au site Internet de Magyar Szó, journal de langue hongroise basé à Novi Sad.

László Sas doit aujourd’hui purger une peine de 150 jours de prison car il n’a pas pu s’acquitter de l’amende de 150 000 dinars (environ 1.400 euros), infligée par le tribunal de Subotica et confirmée par celui de Novi Sad. Il a demandé grâce au Président Tomislav Nikolić.

La décision d’emprisonner ce vétéran du journalisme a suscité la condamnation unanime des associations de journalistes serbes. Elles demandent aux autorités de le libérer.

« Si cette décision est maintenue, László Sas sera le premier journaliste à être envoyé en prison pour insultes depuis le vote de la nouvelle loi pénale », précise le communiqué commun de l’Association des journalistes de Serbie, l’Association indépendante des journalistes de Serbie et l’Association indépendante des journalistes de Voïvodine.

De son côté Reporters sans frontières (RSF) a condamné la décision d’emprisonner le journaliste, la qualifiant « d’aberration ». « On ne peut pas condamner un journaliste pour avoir critiqué un politicien. Être soumis à la critique est normal. Les politiciens doivent accepter la critique et admettre que c’est nécessaire dans une démocratie », estime RSF, qui demande instamment au Président Nikolić d’intervenir.

RSF fait en outre remarquer que László Toroczkai dirige un mouvement qui a été interdit en Serbie de 2008 à 2010 à cause de ses déclarations et activités ultra–nationalistes.