médias en Bosnie-Herzégovine: les partis mettent au pas la Télévision fédérale

Le Courrier de la Bosnie-Herzégovine
De notre correspondant à Sarajevo
Mise en ligne : samedi 3 novembre 2012
Le Parlement de la Fédération a nommé trois membres du Conseil d’administration de la Télévision fédérale (RTVFBiH), en violation de toutes les règles de procédure. L’Association des journalistes de Bosnie-Herzégovine condamne vivement cette nouvelle attaque directe contre l’indépendance des médias.

Par Rodolfo Toè

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L’immeuble de la Télévision fédérale à Sarajevo

D’après la loi, le Parlement devait choisir un candidat proposé par l’Agence pour la régulation des communications en Bosnie-Herzégovine. En outre, pour éviter que la majorité parlementaire n’ait un poids excessif dans le Conseil, un seul nouveau membre peut être désigné chaque année.

Or, le Parlement a choisi de nommer, de sa propre initiative, pas moins de trois candidats. Il s’agit donc d’une double infraction des règles de procédure, qui pourrait remettre sérieusement en cause l’indépendance de la RTVFBiH : le Conseil, en effet, sera chargé d’élire le nouveau directeur de la chaîne. Les trois nouveaux élus peuvent suffire à conditionner le choix.

Ce n’est pas la première fois que le Parlement de la Fédération cherche à influencer aussi directement la direction de la Télévision Fédérale. La répartition des charges, qui obéit évidemment à des équilibres subtils entre les partis de la majorité, avait déjà fait l’objet des critiques de l’Union européenne : dans son dernier rapport, Bruxelles avait souligné la situation très difficile des médias Bosniens. Le document citait explicitement le cas de RTVFBiH en exemple.

L’Association des journalistes de Bosnie-Herzégovine a condamné la nouvelle majorité parlementaire, constituée par le Parti social-démocrate (SDP), le Parti pour un meilleur avenir (SBB) et la Communauté démocratique croate (HDZ), qui « ne se sent pas concernée par les critiques formulées tant par l’Office pour la liberté des médias de l’OSCE que l’Union européenne et l’ambassade des États-Unis ».

Ce qui est le plus préoccupant, d’après l’Association, c’est le fait que « le plus important organe législatif de la Fédération puisse démontrer si ouvertement son arrogance et son insolence, en faisant prévaloir les intérêts particuliers des partis politiques sur la loi et l’utilité publique ». « Il est vital », conclut le communiqué « que l’indépendance de la Télévision fédérale soit préservée ».