Gran Premio de Fórmula 1 de Bahrain: Pole Position para el liberticidio

Les autoritats de Bahrain van expulsar ahir un equip de reporters de la cadena de televisió britànica ITV format per cinc periodistes. Segons va informar el regne de Bahrain, l’equip de la ITV va gravar sense permís imatges d’una de les manifestacions contra el règim de la família Al Khalifah i contra l’F-1 que tenen lloc aquests dies en una vintena de poblacions de l’illa. “Havent completat el reportatge la passada nit (de dijous), van ser detinguts mentre filmaven al matí i portats a la comissaria més propera per declarar davant els oficials. Van ser convidats a abandonar el país a continuació”, va informar la ITV. La cadena té els drets de l’F-1 per al Regne Unit. Ahir es van succeir les protestes i enfrontaments entre la població civil i la policia, que van deixar dos ferits. 21-IV-13, lavanguardia

“Don't leave news out of the race”

 

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Reporters sans frontières

A l’occasion du Grand Prix de Formule 1 de Manama, Reporters sans frontières lance une campagne, intitulée “Don’t leave news out of the race”. Le visuel de la campagne montre l’image des révoltes populaires se reflétant dans le casque d’un coureur automobile qui s’apprête à prendre le départ de la course. Cette campagne, qui sera largement diffusée sur les réseaux sociaux, entend dénoncer la politique de désinformation orchestrée par les autorités autour des manifestations et de leur répression, et la manière dont l’information a également été une victime collatérale de cette répression.

Les autorités bahreïnies ont su, depuis plus de deux ans, manier habilement une politique de double langage face aux puissances occidentales réticentes à condamner les exactions commises au Bahreïn, alors qu’enclines à soutenir les aspirations à la démocratie dans d’autres pays, sachant se contenter des effets d’annonce des dirigeants du Royaume et de réformes superficielles.

A la veille de cet évènement d’envergure mondiale, Reporters sans frontières entend attirer l’attention de la communauté internationale sur la poursuite des exactions au Bahreïn. Depuis l’éclatement du soulèvement en 2011, le pouvoir a montré une volonté évidente de restreindre au maximum la circulation de l’information autour des manifestations et de leur répression. Soucieuses de leur image, les autorités ont multiplié les promesses, soulignant grâce à une impressionnante machinerie de communication les maigres avancées faites, ne lésinant pas sur les communiqués rimant avec opération de désinformation. Elles se targuent d’avoir accepté 158 des 176 recommandations (dont 13 partiellement) formulées par le groupe de travail de l’Examen périodique universel lors de la 21ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies en septembre 2012. Toutefois, ces engagements, une fois les caméras parties, sont aussitôt foulés aux pieds. Les professionnels de l’information sont toujours empêchés de faire leur travail en toute liberté.

Entraves à la liberté de l’information

Dans le cadre du Grand Prix de Formule 1, les autorités ont également prévu un certain nombre de mesures visant à limiter l’accès des journalistes au royaume. Entre le 7 et le 21 avril, seul le “visa F1” autorisera l’entrée dans le pays. Les possesseurs du “visa F1” ne devront en aucun cas ‘violer la sécurité ou le bien-être national du Bahreïn’. Cette mesure permettra aux autorités d’arrêter les acteurs de l’information qui tenteront de diffuser des informations relatives à la situation des droits de l’homme dans le pays, et qui nuiraient, selon les autorités, au bien-être du Bahreïn. Ces derniers seront donc contraints de se borner à couvrir uniquement les courses de Formule 1, sans pouvoir rendre compte des évènements politiques qui agitent le pays.

Par ailleurs, un certain nombre de médias internationaux attendent toujours des visas pour leurs photographes et cameramen. Les autorités bahreïnies ont certes délivré des visas pour des journalistes de presse écrite. Mais soucieuses de leur image, elles tardent quelque peu à délivrer les précieux sésames aux professionnels de l’image.

Une semaine avant la tenue du Grand Prix de Formule 1, le gouvernement a approuvé, le 14 avril 2013, un projet d’amendement de l’article 214 du code pénal, qui prévoit que toute personne reconnue coupable de diffamation contre le roi ou les symboles nationaux (drapeau et armoiries) pourra être condamnée à cinq ans de prison et à une amende allant jusqu’à 10 000 dinars bahreïni (20 000 euros). Le Parlement devra prochainement statuer sur cette loi. Cet amendement, si adopté en l’état, constitue une menace importante pour la liberté d’expression et d’information. La terminologie utilisée est vague, laissant aux juges la possibilité de l’interpréter à leur manière, source d’arbitraire.

Acteurs de l’information actuellement incarcérés

Le photographe de renom Ahmed Humaidan, dont le travail a déjà été récompensé par 143 prix internationaux, est incarcéré depuis le 29 décembre 2012. Il avait auparavant fait l’objet, pendant des mois, d’un harcèlement continu de la part des forces de l’ordre. Il est accusé d’avoir participé à l’attaque du commissariat de Sitra en avril 2012, alors même qu’il était sur place pour documenter l’événement. Reporters sans frontières a récemment dénoncé le traitement inhumain qui lui a été infligé au cours de sa détention, et demandé l’abandon des charges retenues contre lui. Son procès, reporté à plusieurs reprises, devrait avoir lieu le 15 mai prochain. Lors de l’audience du 16 avril, le tribunal a décidé son maintien en détention .

Le 4 septembre 2012, la Haute Cour d’appel a confirmé les peines prononcées par le Tribunal militaire, en juin 2011, à l’encontre des vingt-et-un co-accusés, poursuivis pour “appartenance à des organisations terroristes” et “tentatives de renversement du régime”. Le 7 janvier 2013, la Cour de cassation a rejeté la demande d’appel introduite par treize militants des droits de l’homme, parmi lesquels le militant des droits de l’homme et blogueur Abduljalil Al-Singace. Ce dernier, porte-parole et directeur du bureau des droits de l’homme du mouvement Al-Haq pour les libertés civiles et la démocratie, fait donc partie des huit personnes condamnées à perpétuité. Le blogueur Ali Abdulemam, pionnier d’Internet dans le pays, jugé par contumace, a, lui aussi, écopé d’une peine de quinze ans de prison.

Si la publication en novembre 2011 du rapport Bassiouni, sous la pression de la communauté internationale, a conduit les autorités judiciaires bahreïnies à ordonner la tenue d’un nouveau procès au civil, les juges n’ont pas infléchi leur décision de condamner lourdement les militants des droits de l’homme et les acteurs de l’information.

Manque d’indépendance de la justice

Le 12 mai 2013 devrait se tenir la prochaine audience du procès en appel de la policière Sarah Al-Moosa. Elle est poursuivie pour ‘torture’ et ‘mauvais traitements’ dans l’exercice de ses fonctions sur la journaliste bahreïnie Nazeeha Saeed, alors correspondante de France 24 et de Radio Monte-Carlo Doualiya, lors de la convocation de cette dernière à la station de police de Rifaa le 22 mai 2011. Si la journaliste avait porté plainte contre trois des officiers présents lors de sa garde à vue, seule Sarah Al-Moosa a été poursuivie. Par ailleurs, le tribunal de première instance de Manama l’a innocentée le 22 octobre dernier. Reporters sans frontières, choquée par cette décision, avait souligné combien ce jugement illustrait le manque d’indépendance de la justice au Bahreïn. Le parquet a fait appel. Là encore, les autorités montrent combien elles sont soucieuses de leur image : elles utilisent le fait que le ministère public a fait appel de ce jugement pour le moins choquant pour montrer à la communauté internationale qu’elles mettent tout en oeuvre pour punir des acteurs de la répression. Or le procès en appel est sans cesse reporté et une seule personne est poursuivie dans cette affaire. Sans compter le nombre d’acteurs de la répression qui ne seront jamais jugés ni sanctionnés.