La Serbie et la Russie: Vučić et Dačić s’en vont à Moscou voir oncle Poutine

Radio Slobodna Evropa
Traduit par P.B.

 

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Mise en ligne : vendredi 21 mars 2014
Ce devait être une visite discrète : Aleksandar Vučić (SNS) et Ivica Dačić (SPS) – futur et ancien Premiers ministres serbes – se sont rendus hier à Moscou. Le gouvernement s’est bien gardé de communiquer la nouvelle aux médias...

Par Branka Mihajlović

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(Photo : Beta)

Ces tractations officieuses interviennent à l’heure des grandes manœuvres politiques sur la formation d’un nouveau gouvernement, alors que le « boss de la cocaïne » Darko Šarić, arrêté deux jours plus tôt, s’apprête à lever un coin du voile sur ses liens présumés avec de hauts responsables du gouvernement sortant. À l’horizon, la crise en Crimée et le « précédent du Kosovo ».


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Crise en Ukraine : le spectre de la guerre inquiète les Balkans


C’est le Président de la Republika Srpska Milorad Dodik qui a vendu la mèche en annonçant sa propre visite à Aleksandar Vučić samedi prochain. Il y avait bien des indices : au SPS, la nouvelle a filtré qu’Ivica Dačić était à l’étranger. Mais où ?

Pour Boško Jakšić, analyste de la politique étrangère, la Russie a intérêt à sauvegarder son « protégé ». Moscou craint de voir son influence affaiblie si Ivica Dačić n’est plus au gouvernement : « Vučić insiste sur l’intégration européenne, mais pour Moscou, l’OTAN est un mot exclu. Or, la Russie a les moyens d’influencer la politique serbe. Plus nous nous rapprochons de Bruxelles, plus l’étau se resserre. Il s’agit peut-être d’une action préventive de Moscou pour que nous n’acceptions pas avec trop d’enthousiasme l’Union européenne ».

La Serbie de Poutine, « Syrie des Balkans » ?

« La Russie de Poutine ne nie pas l’impact de la crise ukrainienne sur les Balkans. Sauver la Serbie revient à garder un pied dans les Balkans, comme la Syrie au Moyen-Orient », explique Boško Jakšić. Le « bastion stratégique de Moscou » s’est pourtant abstenu de tout commentaire sur la Crimée, tandis que le Monténégro s’est aligné sur la politique européenne des « sanctions », fussent-elles bénignes.

Belgrade ne pourra pas toujours se balancer d’un pied sur l’autre. « Les autorités doivent être conscientes qu’elles seront tenues d’adopter les directives de l’UE. Il y aura des obligations strictement définies, difficiles à éviter. La réponse devra être claire », avertit Boško Jakšić.

Autre répercussion de la crise ukrainienne dans les Balkans : « Je ne serais pas surpris si Moscou avait envoyé des émissaires à Pristina pour dire que nous étions prêts à reconnaître l’indépendance du Kosovo », n’exclut pas Boško Jakšić.