"Surréalisme et situationnistes. Au rendez-vous des avant-gardes", Louis Janover

Surréalisme et situationnistes. Au rendez-vous des avant-gardes Broché – 1 novembre 2013

La chronologie n'assigne pas seulement aux avant-gardes leur place dans l'Histoire ; elle les classe d'emblée par ordre d'importance. Il en est de même pour leurs substituts contemporains. L'Internationale situationniste succède au surréalisme et le mouvement de Debord hérite d'une partie du mouvement de Breton et se déleste de l'autre pour repartir de l'avant.
Mais vers quoi ? La Révolution surréaliste n'avait nul besoin d'affirmer l'unité du "changer la vie" et du "transformer le monde" puisqu'elle en était l'expression. Le surréalisme artistique introduit la division au profit d'un "changer la vie" qui finit par se confondre avec changer l'art. Avec les situationnistes, la volonté d'unité est dépassée par le recours au "tout subversif", à la révolte considérée comme le dernier des Beaux-Arts. Cette part irréductible de la Révolution surréaliste, l'exigence d'une utopie critique et poétique, occultée par les situationnistes, par les héritiers et les historiographes est mise ici en lumière et se retrouve alors devant nous : à travers cette promesse d'avenir perce une voix qui entre en résonance avec les questions de notre temps, "au rendez-vous des amis", alors que l'Internationale situationniste, qui a dépassé tous les temps, se trouve reléguée loin derrière, au rendez-vous des avant-gardes.

Louis Janover, né en 1937, est un essayiste, traducteur et éditeur français. En 1956, il fait partie des signataires du texte du groupe surréaliste de soutien à l'insurrection de Budapest, texte rédigé par André Breton. En 1961, il est l'un des instigateurs de la revue Sédition qui met en cause le Manifeste des 121 et surtout sa récupération par la gauche tiers-mondiste. Entre 1964 et 1969, il dirige la revue dissidente surréaliste Front Noir, avec, entre autres, Gaétan Langlais, un temps membre de l'Internationale lettriste, et Le Maréchal, artiste «visionnaire» proche des surréalistes à la fin des années 1950. Cette revue, qui met en lumière des penseurs issus du communisme de conseils, développe une critique radicale du concept d'avant-garde. Proche de Maximilien Rubel, il a été codirecteur de la revue Études de marxologie. Outre la publication de ses propres essais, Louis Janover a été éditeur pour Paris-Méditerranée, les éditions Sulliver, les Éditions de La Nuit...