el periodista Maziar Bahari, detenido en Teherán desde hace 3 meses

Trois mois jour pour jour après l’arrestation du correspondant irano-canadien de l’hebdomadaire américain Newsweek, Maziar Bahari, et à la veille du deuxième mois de la détention de Fariba Pajooh, collaboratrice pour plusieurs médias internationaux, notamment Radio France Internationale, Reporters sans frontières juge scandaleuse la décision de la justice iranienne de maintenir en détention les journalistes employés par les médias étrangers.


Maziar Bahari

“Le récent changement à la tête du système judiciaire n’a en rien modifié la politique de répression contre la liberté d’expression en Iran. Accusés d’espionnage, les médias étrangers sont toujours les cibles du pouvoir. Subissant des pressions physiques et psychologiques, les correspondants détenus de ces médias sont obligés de passer aux aveux. Maziar Bahari et Fariba Pajooh, comme tous leurs collègues, sont innocents. Ils ne sont aujourd’hui emprisonnés que parce qu’ils sont journalistes", a déclaré Reporters sans frontières.

Depuis de nombreuses années, l’Iran est le pays du Moyen-Orient qui emprisonne le plus grand nombre de journalistes.

Maziar Bahari, le correspondant irano-canadien de l’hebdomadaire américain Newsweek, a été arrêté, le 21 juin dernier, à son domicile de Téhéran. Le journaliste a comparu le 1er août 2009 devant un tribunal, dans une parodie de procès visant les "responsables" et les "participants" aux manifestations qui ont suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad. Le jour même l’agence Fars, proche des Gardiens de la Révolution, a publié une interview de Maziar Bahari qui va dans le sens du réquisitoire du procureur de Téhéran.

L’avocat de Maziar Bahari, Me Saleh Nikbakhat, a déclaré à Reporters sans frontières que : « depuis son arrestation, je n’ai malheureusement pu ni voir le journaliste ni avoir accès à son dossier. J’ignore toujours de quoi Maziar est accusé. Même le mandat que j’ai donné pour mon client le 23 juin ne m’a toujours pas été retourné ! Mais Maziar peut voir et appeler sa famille. »

Fariba Pajooh, journaliste pour des journaux réformateurs et collaboratrice de plusieurs médias internationaux, notamment RFI, a été arrêtée le 22 août 2009 à son domicile de Téhéran par des hommes en civil et transférée à la section 209 de la prison d’Evin. Lors de son arrestation, son ordinateur et des affaires personnelles ont été confisqués. Après près d’un mois passé en isolement, la journaliste a été transférée dans un dortoir collectif. Fariba Pajooh était également la directrice du blog http://www.after-rain.persianblog.ir/.

Depuis le début des procès de Téhéran, les avocats assurant la défense des journalistes n’ont pas pu rencontrer leurs clients, ni consulter leurs dossiers. Des avocats commis d’office, proches des services de renseignements, ont été nommés par le procureur de Téhéran.

Reporters sans frontières rappelle que depuis le 16 juin, le ministère de la Culture et l’Orientation islamique a interdit aux journalistes et aux agences étrangers présents sur place de “participer ou de couvrir les rassemblements organisés sans autorisation du ministère“. Les journalistes étrangers sont de moins en moins nombreux à pouvoir se rendre en Iran du fait des refus de visas. Ceux qui ont été autorisés à se rendre sur place ne peuvent faire librement leur travail.

22-IX-09, rsf