4- l’islam post-soviétique sous influence étrangère?

l’islam post-soviétique sous influence étrangère?
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Article paru dans l'édition du 04/10/2005
Par Cyrille GLOAGUEN à Paris

Avec l’éclatement de l’URSS, les influences religieuses étrangères, déjà présentes sur le terrain soviétique, se sont accrues au point - c’est particulièrement frappant en Tchétchénie - de s’insérer dans de véritables politiques organisées. Pourtant, hormis en Tchétchénie, ces utilisations de l’islam comme outil géopolitique ont très largement échoué à déstabiliser les régimes en place, pas plus qu’elles n’ont réussi à s’imposer dans les esprits. Un échec qui, cependant, n’est peut-être que provisoire.



Si l’islam est loin d’être le seul facteur permettant d’expliquer la pérennisation du conflit qui fait rage depuis maintenant dix ans au Nord-Caucase, les Tchétchènes sécessionnistes, dès l’arrivée au pouvoir en août 1991 du général Doudaev, l’ont pourtant associé à l’idée d’indépendance nationale et à la lutte contre le colonisateur russe.

Isolé dans sa lutte, le pouvoir tchétchène ne se tourne pas vers le clergé traditionnel qui rejette sa politique, mais vers l’islam radical arrivé avec les aides étrangères. Il est dès lors frappant de constater combien la dimension symbolique islamique d’origine arabe ou iranienne va entourer les faits et gestes des séparatistes, qu’ils soient étiquetés « islamistes » ou « nationalistes » (« brigades d’Islambouli » revendiquant l’attentat contre les deux Tupolev fin août ; influence des rituels des kamikazes palestiniens sur les « veuves noires » tchétchènes ; mise en scène des preneurs d’otages du théâtre de la Doubrovka, égorgements ritualisés de prisonniers à l’instar du GIA algérien, etc.).

Plusieurs chefs de guerre tchétchènes vont jusqu’à arabiser leur nom, comme C.Bassaev, par exemple, qui se fait désormais appeler « Abdallah Chamil Abu Idris ». L’histoire de ce conflit reste aujourd’hui entièrement à écrire, mais il est patent que l’intrusion de ces symboles et comportements dans le conflit résulte d’un phénomène d’identification par les Tchétchènes de leur combat à d’autres guerres de l’islam militant (Afghanistan, Bosnie, Algérie, Indonésie, Proche et Moyen-Orient), de l’influence des mercenaires et des pays étrangers impliqués dans l’aide à la sécession et de l’écho du prosélytisme des prêcheurs radicaux, souvent originaires de ces mêmes pays, qui arpentent depuis plus de quinze ans les villes et les villages du Caucase et d’Asie centrale.

Quatre pays - l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie et le Pakistan - ont joué un rôle essentiel dans le soutien aux combattants tchétchènes et leur ont permis de tenir tête pendant près de dix ans à une armée russe désorganisée par l’éclatement de l’armée soviétique. Cette aide a été, selon le pays, un mélange de prosélytisme religieux, de tentatives d’extension de l’aire d’influence nationale, entrant parfois en opposition avec un autre pays poursuivant dans la région les mêmes objectifs (influence turque contre influence iranienne, par exemple), et de visées politiques et économiques.

Financements en provenance de Riyad, une source tarie ?

Dans le domaine financier, l’Arabie saoudite arrive probablement en tête des pays soutenant le conflit tchétchène. L’aide financière de provenance saoudienne est difficile à quantifier sur la durée, mais, selon un représentant du Département d’Etat américain cité par le Washington Times du 18 septembre 2003, entre 1997 et 1999 seulement, l’argent des mosquées et des dons saoudiens versé aux Tchétchènes aurait représenté quelque 100 millions de dollars.

Mais la coopération anti-terroriste entre Moscou et Washington depuis le 11 septembre 2001 et la volonté de Riyad de stabiliser les prix du pétrole en coordonnant sa politique avec celle de Moscou ont aujourd’hui officiellement tari cette source de financement.

En septembre 2003, Moscou, en position de force face à une OPEP en perte d’influence, a également réussi à imposer à Riyad la création d’un groupe de travail sur le terrorisme qui devrait pouvoir agir comme un outil de pression.

Plus tard, en janvier 2004, Akhmad Kadyrov, le président tchétchène loyaliste, s’est rendu en Arabie saoudite à l’invitation du Prince Abdullah bin Abdul-Aziz pour son premier et dernier voyage à l’étranger, au terme duquel, les autorités saoudiennes ont officiellement déclaré cesser tout financement des terroristes tchétchènes. Ces affirmations ont été réitérées le 23 septembre 2004 dans une interview accordée à Nezavisimaya Gazeta par l’ambassadeur saoudien à Moscou, Mohamed Hassan Abdel Wali.

Enfin, entre février et septembre 2004, les autorités américaines ont gelé les comptes bancaires du fonds de charité saoudien Al Haramain, soupçonné de financer les terroristes tchétchènes et d’entretenir des liens avec Al-Qaeda, tandis que de son côté le gouvernement russe classait sur la liste des organisations terroristes le fonds de réforme sociale koweitien Jam’iyat al-Islah al-Ijtima’i, ONG finançant des aides humanitaires et la construction de mosquées. Ce fonds est également actif au Kirghizstan.

Pour la police française, ces mouvements de fonds vers la Tchétchénie ne sont pas une découverte. Un commissaire de la DST a déclaré en novembre 2002 que « la Tchétchénie est devenue le point central du parcours des Moudjahidin »(…). La Tchétchénie constitue un nouveau vivier où l’argent afflue. Car certains pays du Golfe financent cette guerre qui forme notamment des hommes de main dont le savoir-faire se devine à chaque nouvel attentat à la voiture piégée (…) » (Le Figaro, 18 octobre 2002).

Manne pakistanaise

Le Pakistan et ses services spéciaux (ISI) ont également joué un rôle non négligeable, en permettant notamment que la drogue afghane, menacée un temps par l’avancée des Talibans, parvienne aux mafias tchétchènes, alliées à Doudaev, qui l’échangeaient contre des armes.

Entre avril et juin 1994, Bassaev, alors un des bras droits de Doudaev, est envoyé en Afghanistan et au Pakistan où il visite des camps d’entraînement parrainés par l’ISI, dont celui de la région de Khovst dirigé par le Hizb i-Islami de Goulbaddin Hekmatiar. Pendant ce séjour, il rencontre plusieurs officiers généraux pakistanais, dont Javid Ashraf, en charge du soutien des groupes islamiques à l’ISI.
Aiman Al Zawahiri, le bras droit de Ben Laden, aurait également passé six mois en Tchétchénie à cette époque pour y installer des centres d’entraînement.

Dès 1994, une centaine de Tchétchènes est envoyée dans ces camps où ils retrouvent des terroristes tadjiks et ouzbeks, tandis que d’autres apprennent les techniques de sabotage dans le camp de Markaz-i-Dawar au Pakistan.
L’année suivante, d’autres Tchétchènes subissent également un entraînement poussé au Soudan, en Iran et dans la partie turque de Chypre.

Dès l’automne 1994, les Tchétchènes sont de retour, accompagnés d’officiers pakistanais et de moudjahidins afghans appartenant aux troupes spéciales de l’ISI. Ces liens entre organisations pakistanaises et terroristes tchétchènes existent probablement encore aujourd’hui. Plusieurs Tchétchènes ont ainsi été arrêtés ou tués fin 2003 lors d’opérations militaires dans les zones tribales pakistanaises. Comme les Tchétchènes, T. Iouldachev, le chef de la branche politique du MIO, a également reçu dès le début des années 1990, avant même qu’il ne crée le mouvement avec Namangani, l’aide matérielle des services secrets pakistanais et l’aide financière du Jama’at i Islami, de l’Arabie saoudite et de Ben Laden.

En 1995, des combattants islamistes en provenance de tout le monde musulman, dont le jordano-saoudien Ibn El Khattab et ses brigades internationales islamistes, ne vont cesser de rejoindre le conflit tchétchène. Les premiers kamikazes apparaissent. L’aide matérielle, financière et humaine est également fournie par le Mouvement Islamique Armé, parrainé par le Soudan et l’Iran, et par l’Azerbaïdjan voisin où réside une forte diaspora tchétchène. C’est d’ailleurs pour couper les voies logistiques en provenance de ces deux pays qu’en février 1995, les troupes russes entrent au Daghestan. La route abkhaze, qui permet de relier la Tchétchénie à Chypre grâce aux liens qu’entretiennent les trois frères Bassaev avec les sécessionnistes abkhazes, et la route Turquie-Azerbaïdjan continuent cependant, à l’époque, d’être utilisées.

Selon certaines sources, la drogue d’origine afghane transitait sur le territoire turc grâce à un accord, signé dès la fin de 1994 entre les services spéciaux turcs et le directeur de la banque de Tchétchénie-Ichkérie et était échangée à Chypre contre des armes de l’ex-armée est-allemande achetées à l’Allemagne. Pour autant, l’essentiel des armes de la guérilla est toujours venue de Tchétchénie même (héritage de l’armée soviétique et récupération pendant les combats), des pays de la CEI, entre autres de Géorgie où elles étaient probablement échangées contre de la drogue, d’Arménie et d’Azerbaïdjan, mais aussi de Bulgarie également où les mafias tchétchènes sont présentes.

Après les premiers vrais succès de forces russes, fin 1995, les combattants tchétchènes et leurs alliés commencent à se déployer dans les régions à la périphérie de la Tchétchénie. Dans la petite république caucasienne, le message nationaliste de Doudaev se teinte de plus en plus des couleurs du djihad, probablement pour contrer l’action des chefs de guerre ultra-radicaux comme Bassaev et Radouev.

Influence turcophone et diasporas caucasiennes

La Turquie a mené une politique très nationaliste vis-à-vis de l’Azerbaïdjan et des pays turcophones d’Asie centrale. Très tôt, Ankara a tenté de faire émerger un « espace islamique eurasiatique » aux relents de panturquisme pour contrebalancer les influences saoudiennes, pakistanaises et surtout iraniennes. Il aurait d’ailleurs été étonnant que l’islam soufi turc, très nationaliste et très vigoureux, et qui sous sa forme la plus stricte (dite nakchibandiye) a influencé de nombreux hommes politiques turcs comme l’ancien président T.Özal ou l’actuel premier ministre Erdogan, ne se soit pas intéressé à cette région immense qui constitue pour lui à la fois un espace de prosélytisme et d’expansion géopolitique et culturelle.

Impossible également de pas ne pas faire le lien entre l’aide turque aux sécessionnistes tchétchènes et la position d’Ankara sur la construction de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), concurrent de l’oléoduc transportant le pétrole de la Caspienne vers Novorossiisk, via le territoire russe. On sait, par ailleurs, qu’en 1997 des hommes d’affaires américains et britanniques ont également signé des accords avec A.Maskhadov pour que la Tchétchénie entre dans la création d’un consortium énergétique caucasien dont serait exclue la Russie. De même, les manœuvres russes visant à contrôler les exportations de brut d’Azerbaïdjan ont très certainement poussé, en rétorsion, ce pays à fournir des armes aux combattants tchétchènes.

La guerre en Tchétchénie a provoqué une forte résonance nationaliste dans la société turque. Dès les premiers combats, elle s’est souvenue qu’elle abritait une diaspora caucasienne comptant quelque cinq millions de personnes, dont 1,5 millions d’origine tchétchène.

Le thème de la Turquie république unitaire est alors remplacé dans le discours officiel par celui de la Turquie mosaïque culturelle. Vers le milieu des années 1990, la Turquie compte plus d’une soixantaine d’associations caucasiennes et certaines ne se sont pas contentées d’envoyer des dons aux victimes du conflit. Ainsi, par exemple, selon son porte-parole, le seul Comité Tchétchènie-Caucase, qui soutenait la politique général Doudaev, aurait à l’époque reçu « près de 2.000 demandes de jeunes gens voulant s’engager pour combattre les Russes » aux côtés des Tchétchènes Peut-être est-ce là l’effet de l’appel « à l’aide morale, politique et militaire de la Turquie » lancé dans les médias turcs fin décembre 1994 par le président tchétchène ?

En Turquie même, le conflit provoque des incidents, comme celui du détournement fin janvier 1996 du ferry Avrasya dans le port de Trabzon par un groupe de jeunes Turcs, dirigé par un certain Mohamed Tokcan, se disant membres du groupe Bassaev et pour certains d’origine tchétchène. Loin d’être condamné par la population turque, l’incident a, au contraire, éveillé chez elle une vive sympathie pour les sécessionnistes caucasiens. « Ces Tchétchènes {les preneurs d’otages} sont de bons turcs », va même jusqu’à déclarer le général Dogan Güres, à l’époque chef d’état-major de l’armée turque. « Ils essaient simplement de faire comprendre au monde la cruauté de la répression russe. Moi-même j’ai du sang tchétchène ».

Le parcours politique et idéologique de Mohamed Tokcan, même s’ils sont peu nombreux à l’avoir imité, rend probablement assez bien compte de l’état d’esprit qui animait la diaspora turque d’origine caucasienne, alors que de l’Abkhazie à la Tchétchénie, le Caucase semblait plongé dans une nouvelle guerre coloniale. Après avoir pris les armes au côté de Bassaev en Abkhazie - « le pays de ses ancêtres » - contre les soldats géorgiens, puis en Bosnie et en Tchétchénie, il est condamné pour le détournement du ferry.
Libéré en décembre 2000, il récidive cinq mois plus tard et prend en otages à Istanbul, à la tête d’un nouveau commando composé de six Turcs, deux Tchétchènes et un Abkhaze (probablement issus de la diaspora caucasienne turque), les occupants de l’hôtel SwissHotel.

A côté des Tokcan, dont le combat était davantage nationaliste, d’autres citoyens turcs se sont enrôlés dans les rangs tchétchènes pour des raisons religieuses. Ils sont ainsi nombreux à être issus du Hezbollah turc ou du Front islamique des Chevaliers du Grand Orient (Ibda-C), organisations terroristes dont la presse a beaucoup parlé lors des sanglants attentats d’Istanbul en 2003 ou bien encore des Loups gris turcs (Sivi Vukovi) que l’on retrouve également en Azerbaïdjan dans le Front populaire, et qui prônent une réunion (Touran) des turcophones du monde. Aujourd’hui, s’il faut en croire Rusen Cakir, spécialiste de l'islam politique turc, la Tchétchénie est devenue, après l’Afghanistan et la Bosnie, un autre camp d’entraînement grandeur nature, où se forment et se radicalisent des « dizaines, sinon des centaines de Turcs » avant de revenir sur le territoire national.

Le gouvernement de coalition islamiste de Necmettin Erbakan, l’ancien premier ministre, a lui aussi financé la rébellion contre Moscou ou, du moins, servi d’intermédiaire entre des financiers étrangers et les combattants tchétchènes. Il aurait même, selon certains analystes, détourné en 1996 dix millions de dollars que le président libyen Kadhafi destinait à la guérilla tchétchène afin de financer le Refah, le Parti de la Prospérité, qu’il a créé en 1983. Le leader libyen le lui en aurait d’ailleurs fait publiquement le reproche. L’éviction d’Erbakan du pouvoir par l’armée en 1997 a, semble-t-il, désorganisé en partie la logistique de la guérilla tchétchène au point qu’elle s’est vue obligée d’accepter certaines contreparties de la part de Moscou.

L’influence de mouvements et d’organisations privées turques, religieuses ou nationalistes, a également été importante dans le Sud-Caucase et, en général, dans les régions musulmanes de Russie. Leurs activités ont mêlé nationalisme et religion. C’est le cas de l’ONG Serkhat, par exemple, qui s’est installée au début des années 1990 au Bachkortostan pour y construire quatre lycées « turco-bachkirs ». Cette organisation, qui, selon le FSB russe, appartient à la secte islamique Nourjoular, opérait toutefois dans la région en toute légalité puisqu’elle avait passé un accord avec le ministère bachkir de l’Education. Celui-ci a cependant été dénoncé en avril 2003 après une enquête du FSB accusant ces lycées de prosélytisme « panturc et panislamique » tout en abritant des immigrés illégaux. Mais les Turcs ne sont pas les seuls à avoir fondé des écoles au Bachkortostan. Des Egyptiens, des Yéménites et des Saoudiens ont ainsi été récemment expulsés de cette république après que les autorités aient découvert que leurs écoles recrutaient des combattants pour la Tchétchénie. Dans la ville d’Oktiabrskyy, située à 120 km à l’ouest d’Oufa, plusieurs de leurs étudiants auraient été emprisonnés avant qu’ils ne puissent rejoindre les groupes armés de Bassaev. Toutes ces écoles ont aujourd’hui été fermées.

Influence iranienne : entre économie et religion

L’aide iranienne aux Tchétchènes a été financière et surtout humaine. Il est probable que Téhéran a ici surtout poursuivi un but politique et non religieux : faire pression sur Moscou en plein débat sur le partage des richesses de la Caspienne. Cependant, vis-à-vis d’un Azerbaïdjan majoritairement chiite, si le but poursuivi a été identique, l’arme religieuse a été utilisée. En vain, cependant, car la propagande iranienne n’a jamais réussi à s’imposer dans une population largement sécularisée sous le régime soviétique, pas plus que l’islamisme fondamentaliste sunnite turc, qui a été supplanté, au moins au sein des élites politiques et culturelles, par le modernisme et les idées nationalistes turcs.

En outre, Téhéran s’est rapidement rendu compte des risques d’explosion sociale que sa politique risquait de provoquer dans les régions visées comme dans le nord de son propre territoire, peuplé de millions d’Azéris. Soumis à plusieurs embargos, il n’avait pas non plus, il est vrai, les moyens de sa politique, tandis que Moscou demeurait le seul acteur international acceptant de le fournir en armes et de l’aider à développer son programme nucléaire civil. Au Tadjikistan, l’Iran a donc en 1997 contribué à arrêter la guerre civile aux côtés de l’ONU et de la Russie et a probablement cessé son aide aux sécessionnistes tchétchènes après les accords de Khassaviourt de 1996.

En Asie centrale comme dans la région de la Caspienne, l’influence iranienne est aujourd’hui plus économique que religieuse. L’accord passé entre la République islamique et le Tadjikistan, en mars 2004, sur la construction à Douchanbé d’une antenne-relais permettant de retransmettre sur son territoire les émissions de la télévision iranienne rappelle cependant que l’influence de Téhéran passe aussi dans la région par les ondes et non plus seulement par le prosélytisme de terrain.

Quid de la mouvance Al-Qaeda ?

La présence d’Al-Qaeda en Tchétchénie a plusieurs fois été avancée par les autorités russes, notamment après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Les Russes ont vu la main de l’organisation de Ben Laden dans de nombreuses opérations dont la tragique prise d’otages de l’école de Beslan qui aurait été financée par Abou Omar As-Sef, le représentant d'Al-Qaeda en Tchétchénie. Celui-ci aurait pris la place d’Abu Walid al-Hamidi, tué en avril 2004 par les soldats russes.

Quant aux services américains, ils soupçonnent depuis longtemps l’organisation terroriste de chercher à s’implanter en Tchétchénie. Ainsi, en novembre 2004, un rapport des services de renseignement américain, daté de 1998 et rendu public par l’organisation Judicial Watch, confirme-t-il l’existence d’une route entre l’Afghanistan et la Tchétchénie via le Pakistan, la Turquie et l’Azerbaïdjan qui permettrait aux membres d’Al-Qaeda de s’exfiltrer.
Difficile toutefois de ne pas voir ici une tentative du Kremlin de légitimer son combat contre les sécessionnistes tchétchènes en brandissant devant les médias du monde entier la menace de l’organisation de Ben Laden.