persistente callejón sin salida sobre Kosovo

BIRN, balkans.courriers.info
Kosovo : un statut en 2020 ?
Traduit par Stéphane Surprenant
Publié dans la presse : 29 octobre 2007
Mise en ligne : mardi 30 octobre 2007

Coup de tonnerre dans les milieux diplomatiques internationaux, la résolution du statut du Kosovo pourrait être gelée jusqu’en 2020. Devant le blocage des négociations, une initiative américaine envisage en effet d’injecter des investissements massifs pour relancer l’économie de la province. Un référendum d’autodétermination pourrait ensuite être organisé au terme de cette nouvelle période transitoire de douze années.

Les diplomates américains travaillent à une proposition qui gèlerait le statut du Kosovo pendant douze ans, période durant laquelle des sommes gigantesques seraient investies dans l’économie kosovare, a révélé une source au sein du Département d’État américain. Des parties du document - d’ailleurs toujours en discussion - ont en effet été fournies par une source anonyme américaine au Balkan Insight et au quotidien kosovar Express, qui les ont publiées lundi 22 octobre dernier (consulter la page www.birn.eu.com/en/110/10/5411/).

En vertu du plan en préparation, le statut politique à long terme du Kosovo resterait indéterminé jusqu’en 2020, date à laquelle se tiendrait un référendum. Pendant ce temps, les États-Unis et l’Union européenne (UE) fourniraient une aide massive pour mettre l’économie du pays sur la bonne voie. « Le gel du processus de définition du statut politique du Kosovo permettrait de consacrer cette période au démarrage de l’économie du Kosovo [...], ainsi, il serait prévu que les USA et l’UE injectent 7 milliards d’euros par an dans le budget kosovar au cours de cette période », explique la source.

La possibilité d’une nouvelle initiative américaine surgit alors que les pourparlers, pilotés par les médiateurs de la Troïka - c’est-à-dire l’UE, les USA et la Russie - en vue de résoudre le statut du Kosovo, toujours administré par l’ONU, ne montrent aucun signe de progrès à six semaines seulement de leur conclusion prévue. Rappelons que la phase précédente de négociations entre les représentants serbes et kosovars albanais, présidée par l’émissaire de l’ONU Martti Ahtisaari, avait abouti à une impasse.

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Veton Surroi

 

La proposition d’Ahtisaari, qui accordait au Kosovo une indépendance supervisée, avait été bloquée au Conseil de sécurité des Nations Unies par la Russie, après que la Serbie avait affirmé qu’elle n’accepterait jamais ce qu’elle considèrait et considère toujours comme une amputation de son territoire.

Jusqu’à maintenant, Washington soutenait les revendications indépendantistes immédiates des Albanais du Kosovo. Or le projet de document dénote une approche différente. « Les États-Unis ont deux options : soit reconnaître, avec quelques autres pays, l’indépendance du Kosovo, et ainsi provoquer de nombreux problèmes à l’échelle mondiale et régionale ; soit geler l’idée d’indépendance formelle durant quelques années, apaiser les tensions dans les Balkans et en profiter pour stimuler l’économie du Kosovo », poursuit la source.

Toujours selon cette source, l’idée initiale de ce projet de proposition aurait déjà été communiquée à l’équipe de négociation des Albanais du Kosovo. Pourtant, Veton Surroi, l’un des membres de l’équipe de négociation du Kosovo, a déclaré ne pas être au courant de l’existence d’un semblable document. « Si je m’en tiens aux contacts que nous avons avec la diplomatie américaine, je peux dire que cette proposition, telle que rapportée, n’existe pas », a assuré Surroi à son retour de Vienne, dimanche 28 octobre.

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° Kosovo : propositions, contre-propositions, intox et fantasme américain
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toute idée présentée comme venant des USA est aussitôt prise au sérieux.
Le commentaire acerbe d'Augustin Palokaj, qui déplore le manque d'idées
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remettre à ce que pense Washington.

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européenne
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la semaine dernière au Kosovo : la définition du statut de ce territoire
est un des dossiers chauds qui attendent la Slovénie lors de sa future
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tient à préserver l'unité de l'Europe sur la question, alors que les
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