Serbia rechaza a la UE y la OTAN sin Kosovo

El Parlamento serbio aprobó ayer por unanimidad una resolución que rechaza implícitamente el ingreso en la UE y en la OTAN si Occidente reconoce la independencia de Kosovo. "Todo tratado que firme Serbia debe garantizar la preservación de su soberanía e integridad territorial", dice la resolución, que han votado el presidente, Boris Tadic, y el primer ministro, Vojislav Kostunica, así como los ultranacionalistas del Partido Radical y los socialistas, ambos en la oposición. Serbia debe firmar en enero un acuerdo de asociación y estabilización con la UE.

27-XII-07, reuters, lavanguardia

Blic, balkans.courriers.info
Le Parlement serbe a choisi : le Kosovo passe avant l’intégration européenne
Traduit par Jean-Arnault Dérens
Mise en ligne : jeudi 27 décembre 2007

Le Parlement de Serbie a adopté mercredi soir à une très large majorité une résolution sur la sauvegarde de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays. Tous les accords internationaux signés par la Serbie, y compris l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) avec l’Union européenne, devront respecter ces principes. La Serbie pourra rompre ses relations diplomatiques avec les pays qui reconnaîtraient l’indépendance du Kosovo. L’armée « est prête à défendre les citoyens du Kosovo ».

Par la rédaction

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Le Parlement de Serbie

 

220 député ont voté pour la résolution proposée par le gouvernement, 14 contre et 3 se sont abstenus. La résolution a été soutenue par les partis de la coalition gouvernementale - le Parti démocratique (DS), le Parti démocratique de Serbie (DSS), Nouvelle Serbie (NS) et le G17 Plus - ainsi que par le Parti radical serbe (SRS) et le Parti socialiste de Serbie (SPS).

De même, le Parlement a pris la décision de proclamer la neutralité militaire de la Serbie par rapport à toutes les alliances militaires existantes, jusqu’à la tenue d’un éventuel référendum sur cette question. La résolution précise que seront réexaminées les relations diplomatiques et toutes les autres relations avec les pays qui reconnaîtraient une éventuelle indépendance du Kosovo. Elle oblige le gouvernement à élaborer un plan concret des mesures qui seraient prises dans tous les domaines en cas de proclamation de cette indépendance.

La résolution déclare également que « le déploiement d’une mission de l’Union européenne chargée de mettre en œuvre le plan Ahtisaari, qui a été rejeté, serait une atteinte à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à la Constitution de la République de Serbie ». Le gouvernement doit exiger de l’UE que cette mission ne soit pas déployée sur le territoire de la Serbie, au Kosovo, sans un accord explicite du Conseil de sécurité de l’ONU.

Boris Tadić : « L’Armée de Serbie prête à intervenir au Kosovo »

En s’adressant aux députés, le Président de la République Boris Tadić a déclaré que l’équipe de négociations avait bien travaillé, qu’elle s’était battue pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Serbie et que, grâce à ses efforts, les discussions sur le Kosovo allaient se poursuivre.

« La Serbie a proposé la forme la plus large possible d’autonomie, elle s’est montrée prête aux plus grands compromis, mais elle n’a pas trouvé d’interlocuteur dans l’équipe de Pristina », a déclaré Boris Tadić, ajoutant que la Serbie allait continuer à rechercher une solution négociée. « La Serbie ne reconnaîtra jamais l’indépendance du Kosovo et exigera que la solution soit approuvée par le Conseil de sécurité ». Le Président a également évoqué la question de la sécurité au Kosovo, déclarant que si la KFOR n’était pas en mesure de protéger les Serbes, les autres communautés non-albanaises, et tous les citoyens de la province, l’Armée de Serbie était prête à le faire, en accord avec tous les partenaires internationaux.

Boris Tadić a souhaité que les deux principes - le maintien du Kosovo en Serbie et la poursuite de la route européenne de la Serbie - puissent permettre « d’élaborer une politique sage, basée sur des solutions pacifiques et déplomatiques ».

Koštunica : « les États-Unis ont bloqué les discussions »

Le Premier ministre Vojislav Koštunica a dénoncé, dans son discours, le rôle des États-Unis qui s’attaquent au droit international pour défendre leurs intérêts militaires au Kosovo, aux dépens des intérêts nationaux et étatiques de la Serbie et aux dépens des intérêts vitaux des Albanais du Kosovo. Le Premier ministre a souligné que les États-Unis voulaient créer un « ersatz d’État » dans lequel, comme le mentionne l’annexe 11 du plan Ahtisaari, l’OTAN serait l’organe suprême du pouvoir dans ce Kosovo « indépendant ».

« Le problème est qu’en plus des intérêts serbes et albanais, il n’est clairement pas possible de satisfaire les intérêts américains. C’est pour cela que les USA pressent les Albanais de rejeter tout compromis », a-t-il déclaré. « La Serbie ne va pas renoncer à chercher un compromis, mais elle peut encore moins renoncer au Kosovo. En tant que peuple, en tant qu’État, nous ne sommes pas libres si le Kosovo n’est pas, comme le stipule la Constitution, une province à l’intérieur de la Serbie ». « En ce moment, notre dernière ligne de défense face à la violence et à une indépendance unilatérale doit être la forte résolution du Parlement ». Vojislav Koštunica a souligné que la Serbie « devait remercier la Russie », car « la Russie a été un conseiller solide et fidèle, défendant le droit international et le droit de la Serbie à ne pas être amputée d’une part de son territoire ».

La chef du groupe parlementaire du G17 Plus, Suzana Grubješić, a déclaré que son parti soutenait la résolution, mais sans accepter la déclaration sur la neutralité militaire de la Serbie, alors que la question des relations entre la Serbie et l’UE n’est pas clarifiée. Elle a souligné que, pour le G17 Plus, l’intégration européenne et l’intégration dans l’OTAN étaient deux processus inséparables, et qu’il n’y avait pas d’alternative à une intégration accélérée de la Serbie dans l’UE. Elle a ajouté que le G17 Plus allait malgré tout soutenir la résolution, essentiellement pour les Serbes du Kosovo et pour ceux qui ont fui la province.

Les chefs des groupes parlementaires socialiste et radical, Ivica Dačić et Tomislav Nikolić, ont déclaré qu’ils soutenaient la résolution, mais ils ont adressé des critiques à l’équipe de négociations et au gouvernement.

Tomislav Nikolić, s’adressant aux députés, a déclaré que Tadić et Koštunica devaient expliquer ce que voulait dire le fait que les accords internationaux de la Serbie devaient respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale. « Qu’est-ce que cela veut dire dans le cadre des discussions avec l’UE ? Le gouvernement va-t-il accepter de signer des accords sans que l’UE garantisse qu’elle reconnaît l’appartenance du Kosovo à la Serbie ? »

Balint Pastor, le chef du groupe parlementaire de l’Alliance des Hongrois de Voïvodine, a répondu que la résolution, concrètement, prévoyait la rupture des relations diplomatiques avec les pays qui reconnaîtraient une éventuelle indépendance du Kosovo.

LDP : « Nous nous fermons les portes de l’Europe »

Le chef du groupe parlementaire du Parti libéral-démocratique (LDP), Ćedomir Jovanović, a expliqué que les députés de ce parti votaient contre la résolution car celle-ci compromet gravement les intérêts vitaux de la Serbie et ferme la route de l’intégration euro-atlantique. Il a ajouté que la résolution n’était pas sérieuse, et qu’elle résultait d’un compromis entre les partis de la coalition gouvernementale. Il a demandé son retrait, soulignant qu’elle risquait de détruire tout l’avenir de la Serbie. S’adressant au Président Tadić, Ćedomir Jovanoviv lui a déclaré qu’il commettait une erreur en soutenant une telle résolution, alors qu’il est attaché au bien de la Serbie.

Pour la MINUK, une résolution « sans conséquences »

La résolution du Parlement de Serbie n’aura aucune conséquence au Kosovo, a déclaré le porte-parole de la MINUK, Aleksander Ivanko. « Ce que fait le Parlement de Serbie est le problème des députés serbes. Cela n’aura pas de conséquences sur le Kosovo, car celui-ci est un territoire sous administration des Nations Unies », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse à Pristina.