negociando la frontera Kosovo-Macedonia

Utrinski Vesnik, balkans.courriers.info
Macédoine-Kosovo, une frontière encore à tracer
Traduit par Katerina Kirovska
Publié dans la presse : 27 mars 2008
Mise en ligne : jeudi 10 avril 2008

La Macédoine et le Kosovo discuteront bientôt de leur frontière commune. En 2001, Belgrade et Skopje avaient négocié un tracé légèrement différent de celui de l’époque yougoslave. Le Kosovo indépendant conteste les modifications de 2001. Sur le terrain, la frontière coupe des villages. Mais dans les chancelleries, l’enjeu est plus formel : le dossier pourrait faciliter ou compliquer la reconnaissance du Kosovo par la Macédoine.

Par Dimitar Čulev

La Macédoine et le Kosovo doivent prochainement négocier leurs frontières. La frontière actuelle, déterminée par un accord signé le 23 février 2001 par le République fédérale de Yougoslavie et la Macédoine, dévie à de nombreux endroits vers l’intérieur du territoire macédonien ou du territoire kosovar.

Une analyse numérique réalisée par des experts américains a prouvé que le tracé actuel diffère en 360 endroits de celui de la frontière administrative qui séparait la Macédoine et la province du Kosovo à l’époque yougoslave. Cela n’a rien d’exceptionnel, selon les experts.

Il existe des normes internationalement reconnues sur la démarcation des frontières étatiques. Deux principes sont pris en compte. Premièrement, on compose avec la géographie de manière à ce que la frontière suive les cours d’eau, la crête des montagnes, les lacs et d’autres particularités du terrain.

Le second élément pris en compte repose sur la répartition des propriétés (terrains bâtis ou à bâtir, terrains agricoles, terrains forestiers). Pour éviter que les citoyens de l’un des pays voie ses propriétés passer de l’autre côté de la frontière, une commission mixte peut déplacer la frontière de 100, voire 150 mètres dans un sens ou dans l’autre.

En vertu du plan Ahtisaari, le Kosovo doit nommer dans les 120 jours suivant sa proclamation d’indépendance les membres qui le représenteront dans la commission mixte. Mais ces nominations ont été reportées par deux fois déjà, alors que les travaux de démarcation de la frontière doivent se conclure dans neuf mois.

D’après le plan Ahtisaari, « le territoire du Kosovo est délimité par les frontières de la province autonome socialiste du Kosovo au sein de la République fédérative socialiste de Yougoslavie, […] sous réserve des modifications prévues par l’accord sur la démarcation de la frontière conclu entre la République fédérale socialiste de Yougoslavie et l’ex-République yougoslave de Macédoine le 23 février 2001 ». Mais l’accord de 2001 est contesté par le Kosovo.

À Skopje, le ministère de l’Intérieur reconnaît qu’il existe des points contestables, où le tracé de la frontière doit être corrigé, tout en soulignant que ces questions sont moins soulevées par Priština que par les habitants de certaines zones frontalières. Par ailleurs, le flou actuel de la situation jouerait au bénéfice des trafiquants.

Toujours selon le ministère, une tentative d’ouvrir en 2003 un poste frontière temporaire près de Tanuševci a échoué après que les habitants ont bloqué l’accès à leur village. Des inconnus avaient alors fait exploser le poste frontière, un simple kiosque en plastique.

Kodra Fura, Debalde, Tanuševci (dont l’école est traversée par la frontière actuelle) et une série de prairies de la Šar Planina sont les points-clés désignés par Priština pour les négociations. Selon les autorités kosovares, l’accord de 2001 a privé le Kosovo de 2.500 hectares, offerts à la Macédoine par Belgrade.

Interrogé sur ce sujet, le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi a annoncé que Priština se « montrera[it] coopérative et assumera[it] ses responsabilités, fondées sur le plan Ahtisaari ».

On s’attend à présent à ce que la commission mixte soit formée pour le 17 mai, et à ce que Priština garde cette question ouverte afin de pousser la Macédoine à reconnaître le Kosovo. Inversement, Skopje semble laisser entendre qu’une ouverture rapide des travaux inciterait la Macédoine à reconnaître rapidement le Kosovo. […]